En cette fin novembre, les infections pulmonaires sont en hausse chez les moins de 15 ans de façon plus importante que les hivers précédents. La bactérie mycoplasma pneumoniae fait l’objet d’une surveillance spécifique.
Les médecins en alerte. Les infections pulmonaires sont en hausse en cette fin novembre, en particulier chez les enfants, selon SOS Médecins. Si la situation est classique à l’approche de l’hiver, une alerte a été émise concernant une bactérie particulière, nommée mycoplasma pneumoniae, touchant surtout les enfants de 6 à 15 ans.
+36% des pneumopathies chez les moins de 15 ans
Selon Santé publique France, les consultations pour pneumopathie auprès de SOS Médecins sont en hausse de 36% chez les moins de 15 ans pour la semaine du 13 au 19 novembre, d’après un bulletin paru jeudi.
Le chiffre suit une tendance qu’on retrouve dans nombre d’autres infections, chez les moins de 15 ans toujours, comme les pathologies ORL et la grippe (respectivement en hausse de 29% et de 24%) ou pour la bronchite (+23%) et les suspicions de Covid-19 (+44%).
“On est actuellement dans une période épidémique pour le VRS (Virus respiratoire syncytial NDLR)”, confirme auprès de BFMTV.com le pédiatre Andreas Werner, président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). L’augmentation des pneumopathies est cependant nettement plus importante en cette fin novembre que l’année dernière, et celle d’avant, à la même époque.
Une “alerte” émise sur une bactérie
Le pédiatre indique à BFMTV.com que l’ensemble de sa profession a reçu une “alerte” au sujet d’une bactérie particulière, nommée mycoplasma pneumoniae.
“Il y a plus de cas et ils sont plus graves, avec des cas en réanimation”, indique-t-il.
Concrètement, le médecin explique recevoir des patients présentant les symptômes d’une infection classique, avec une forte fièvre et une toux, chez qui les antibiotiques classiques sont inefficaces. Après plusieurs jours, le médecin doit revoir sa prescription.
Selon le pédiatre, l’infection à mycoplasme touche principalement les enfants entre 6 et 15 ans, donc pas les plus jeunes. “C’est beaucoup plus rare chez l’enfant de moins de 5-6 ans”, assure Andreas Werner.
Fièvre, toux et maux de tête
“Ce sont des pneumonies dites aiguës communautaires, c’est-à-dire qu’elles ne s’attrapent pas à l’hôpital, mais en ville”, indique auprès de BFMTV le virologue Bruno Lina.
Les symptômes observés sont proches de ceux d’une pneumonie classique. “De la fièvre, on tousse, on éternue, on a mal à la tête et on peut avoir aussi, lorsque la pneumonie se développe, une toux avec un essoufflement”, énumère-t-il ensuite.
Dans le cas où ce dernier symptôme est observé, il faut absolument se rendre à l’hôpital, souligne le médecin. Petite particularité, ce type d’infection a un “délai d’incubation assez long, souvent deux semaines”, selon Bruno Lina.
Le médecin se veut cependant rassurant. “Toutes les formes de mycoplasma pneumoniae ne sont pas des formes graves”, souligne-t-il, précisant que “la mortalité associée est faible”. Par ailleurs, la maladie se soigne globalement bien, au moyen de plusieurs antibiotiques.
Une hausse cyclique?
Mais pourquoi une telle hausse? Si le pédiatre Andreas Werner ne s’avance pas et assure que la tendance à la hausse des contaminations doit encore d’être confirmée dans les 2 à 3 prochaines semaines, le virologue Bruno Lina estime que ce type de pneumopathie évolue par période.
“On sait que c’est une bactérie qui a des cycles de circulation à l’échelon international, environ tous les 5 ans. Or l’hiver 2023-2024 tombe dans les 5 années qui ont suivi la dernière fois que le mycoplama pneumoniae a donné une épidémie au niveau international avec une recrudescence du nombre de cas”, explique-t-il.
“Il y a un risque de circulation un peu plus abondant que d’habitude des mycoplasma pneumoniae dans les 5-15 ans”, estime le scientifique, voyant ainsi la tendance s’inscrire dans le temps à moyen terme.
Une augmentation post-Covid?
Pour les deux médecins, la pandémie de Covid-19 n’est probablement pas non plus étrangère à ce retour en force des mycoplasmes. “On peut forcément y voir un lien car on a acquis une dette immunologique” à cette période, explique le président de l’AFPA. “Pendant quasiment deux ans, il y a eu beaucoup moins d’infections dans toute la population que d’habitude, donc le taux d’anticorps a baissé”, poursuit-il.
“Post-Covid, on a eu des épisodes avec plus de maladies infectieuses, comme l’herpangine”, développe le pédiatre, évoquant cette infection douloureuse, causant notamment des ampoules.
Pour le moment, le médecin assure rester sur ses gardes. “C’est quelque chose à surveiller, mais on n’est pas spécialement inquiets”, dit-il.