Santé publique France pointe une hausse importante des cas de pneumopathies chez les enfants en cette fin d’année.
À titre de repère, l’activité médicale serait environ deux fois plus importante que l’hiver dernier à la même période.
Le retour de la mycoplasma pneumoniae, une bactérie peu active ces dernières années, pourrait expliquer ce regain.
La France doit-elle craindre une épidémie de pneumopathies cet hiver ? C’est en tout cas le scénario qui se profile en cette fin d’année, alors que les infections pulmonaires sont en nette hausse chez les moins de 15 ans, et ce de façon plus importante que les hivers précédents, selon Santé publique France. À titre de repère, 6700 passages d’enfants aux urgences liés à cette pathologie ont été recensés la semaine dernière, dont 2150 chez les moins de 15 ans, détaille le dernier bulletin épidémiologique, soulignant une hausse de 44% chez les 0-2 ans et de 23% chez les 2-14 ans. De son côté, SOS Médecins recense 700 consultations en ville liées à cette pathologie en une semaine. Selon Le Monde, l’activité médicale serait environ deux fois plus importante que les deux années précédentes à la même période.
Ce regain épidémique pourrait être lié à des contaminations par mycoplasma pneumoniae, une cause connue de pneumonies pédiatriques, traitée avec des antibiotiques. Or, de la Chine à l’Europe, cette bactérie fait son retour depuis quelques mois. En France, cette dernière avait été peu active ces dernières années.
Quelle est cette bactérie ?
Bien connue des scientifiques, Mycoplasma pneumoniae est une bactérie appartenant à la famille des mycoplasmes qui, avant la pandémie, était la deuxième cause de pneumonie la plus fréquente derrière les pneumocoques chez les enfants. Les épidémies de Mycoplasma pneumoniae ont toutefois la particularité de survenir sous forme de vague, tous les trois à sept ans en moyenne. “On sait que c’est une bactérie qui a des cycles de circulation à l’échelon international, environ tous les cinq ans. Or l’hiver 2023-2024 tombe dans les cinq années qui ont suivi la dernière fois que le mycoplama pneumoniae a donné une épidémie au niveau international, avec une recrudescence du nombre de cas”, a d’ailleurs eu l’occasion de détailler le virologue Bruno Lina auprès de nos confrères de BFMTV.
L’infection se transmet via gouttelettes ou par contact direct avec une personne contaminée. Si les enfants de 5 à 10 ans sont les premiers concernés, les plus âgés et les adultes ne sont pas épargnés. Proches de ceux d’une pneumonie classique, les symptômes observés sont de la fièvre parfois accompagnée de maux de tête, une toux, des éternuements, avec un délai d’incubation relativement long d’environ deux semaines. Dans le cas où “un essoufflement” est observé, Bruno Lina conseille de se rendre immédiatement à l’hôpital, cela pouvant être le signe de l’installation de la pneumonie atypique ou pneumopathie atypique. Il précise toutefois que “toutes les formes de mycoplasma pneumoniae ne sont pas des formes graves”, et que “la mortalité associée est faible”.
Faut-il s’inquiéter ?
Si les instances sanitaires françaises restent sur leurs gardes, il n’y a pour l’heure pas lieu de s’inquiéter selon les observateurs qui évoquent pour l’heure la réémergence d’un pathogène connu, sans qu’il soit question d’épidémie. À cela s’ajoute le fait que les systèmes immunitaires se sont un peu “endormis”, après un confinement rigoureux, et deux années passées derrière les masques, protégés de toute sorte de virus ou autres bactéries. “On est face à une population qui n’a pas eu de réponse immunitaire depuis des lustres et donc peu équipée pour se défendre”, détaille auprès du Figaro le Dr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon de Paris. Pour juger de l’évolution des contaminations par mycoplasma pneumoniae en France, et de ses proportions, un système de surveillance a été déployé et tous les nouveaux cas sont recensés.
L’autre point de surveillance concerne les risques de résistance bactérienne, l’antibiotique couramment utilisé dans le monde pour traiter ce type d’infections, à savoir les macrolides, semblant moins efficace qu’ils ne l’étaient avant le Covid d’après certaines observations, en Chine notamment. “On suit ce qui se passe en Chine et quand on se souvient de ce qui s’est passé en 2020, c’est sûr que tout le monde est très vigilant”, explique dans le reportage de TF1 en tête de cet article Serge Smadja, président de SOS Médecins Grand-Paris.
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Pour rappel, le 13 novembre dernier, les autorités chinoises ont rapporté une hausse des maladies respiratoires, principalement chez des enfants. Elles l’ont attribuée entre autres à la circulation de pathogènes connus dont la bactérie mycoplasma pneumoniae. Et le 19 novembre, le système de veille ProMED, à l’origine fin 2019 du premier signal sur la pneumonie mystérieuse qui se révèlera être le Covid-19, a alerté sur des hôpitaux “submergés d’enfants malades” d’une infection respiratoire inconnue.